Interview de Mathilde

Interview de Mathilde

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Je suis Mathilde Foignet, illustratrice et graphiste freelance depuis 4 ans. Mon style s’inspire principalement de la mythologie, des contes, de l’univers médiéval et de la fantasy. Depuis mon enfance, j’ai toujours été fascinée par le folklore celtique, sûrement dû à mes origines bretonnes. La mythologie grecque, nordique et celle de l’Europe de l’Est, notamment les légendes russes, ont aussi nourri mon imagination. Mon attrait pour les tapisseries médiévales et le bestiaire fantastique m’a naturellement conduite à représenter des chimères et des figures féminines fortes et parfois androgynes, mêlant ainsi des corps hybrides aux créatures mythologiques.

 

Tu as développé tout un bestiaire de femmes chimériques. Quelles sont les sources de tes représentations ?

Mes principales sources d’inspiration sont la mythologie, en particulier la mythologie grecque, nordique, et surtout celle d’Europe de l’Est, comme les légendes russes. J’aime aussi beaucoup le travail de l’illustrateur russe Ivan Bilibine, qui a marqué le début du XXe siècle avec ses aquarelles magnifiques inspirées des contes. Son univers m’a longtemps inspirée. Je puise également beaucoup dans le bestiaire médiéval, notamment les tapisseries comme celles de la Dame à la Licorne. J’aime représenter des chimères et des figures féminines fortes, parfois androgynes, où le genre n’a pas toujours d’importance. Mon but est de créer des créatures mythologiques, des corps hybrides qui évoquent la puissance et la diversité des femmes.

 

Comment combines-tu esthétique et engagement politique dans des œuvres comme Rage Against the Fascist ?

C’est vrai que c’est la première fois que je me suis engagée aussi clairement dans mes illustrations, notamment avec un message féministe.
À ce moment-là, ça me semblait essentiel de montrer que je participais, surtout avec cet élan de solidarité entre femmes et illustrateurs pour soutenir les législatives et, soyons honnêtes, la gauche. J’ai voulu relier mon univers à une imagerie de guerrière, de chevaleresse, tout en y intégrant une dimension très queer, avec beaucoup de couleurs. Je me suis d’ailleurs inspirée du drapeau trans pour créer cette illustration.

 

Ton univers semble fortement inspiré par le Moyen Âge. Quelle relation entretiens-tu avec cette époque ?

C’est une bonne question. Je pense que ce qui m’attire, c’est une sorte de retour à une vie plus simple, plus proche de la nature, loin des villes. L’architecture médiévale aussi me fascine. Il y a un fantasme autour de cette époque, un peu idéalisée. Par exemple, je représente souvent des lévriers, qu’on retrouve fréquemment dans les bestiaires médiévaux. D’ailleurs, j’ai un cairn, un terrier écossais, peut-être influencé par mes racines celtes et bretonnes, et mon amour pour l’Écosse.

 

Comment organises-tu ta créativité et ta routine de travail ?

Honnêtement, je suis assez désorganisée, même si j’ai quand même une routine à cause de mon chien. Je me lève, je fais mon sport, je sors le chien, et je commence à travailler vers 9h-10h. Côté projets, c’est souvent un peu chaotique. J’essaye de me concentrer sur un projet à la fois, mais comme mes activités varient, c’est parfois difficile. Je suis souvent angoissée à l’idée de manquer de temps pour tout faire, ce qui me freine. J’ai plusieurs projets en tête, comme un livre jeunesse ou même du tatouage, mais je me disperse facilement car j’ai envie de toucher à tout.

 

Quelles sont les influences majeures dans ton travail ?

Mon imaginaire et mes inspirations, sans aucun doute. J’aime reprendre des éléments de cultures anciennes et les rendre plus pop, inclusifs, et féministes. Esthétiquement, je m’inspire beaucoup des tapisseries, des belles couleurs et compositions. Parfois, il n’y a pas une profondeur ou justification particulière derrière mes œuvres, c’est vraiment l’esthétique qui prime. J’aime créer des choses belles et harmonieuses. Cela dit, quand je me tournerai vers des projets narratifs ou d’écriture, je pense que je trouverai davantage de sens à mes illustrations. Pour l’instant, je m’assume pleinement dans cette approche plus « art appliqué » qu’artistique au sens plastique, et ça me convient.

 

Tu as accepté notre invitation au Pink Power Store. As-tu déjà une idée de ta sélection pour la boutique ?

Oui, je pense m'orienter vers des illustrations autour de la sororité, avec des guerrières et des chevalières pour montrer des femmes puissantes et solidaires. Ce sera sans doute le thème principal de ma sélection. Je vais aussi inclure quelques originaux à la gouache, mais je dois encore faire le tri et voir lesquels méritent d'être encadrés.

 

As-tu une anecdote Girl Power à partager ?

Oui, j'y ai réfléchi. Pour moi, l’« empowerment » réside dans le fait d’être freelance. C’est une grande fierté de réussir à vivre de mon activité et de travailler en indépendance. Je ne suis pas quelqu’un qui a énormément confiance en soi, donc parvenir à me débrouiller seule et à être ma propre patronne, c’est vraiment gratifiant. C’est déjà un beau parcours dont je suis fière.

 

Crédits photo : 2in

Retrouvez ses illustrations ici : https://www.mathilde-foignet.fr/