Interview de Loannou

Interview de Loannou

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je suis Loanne Piel, alias Loannou sur les réseaux sociaux. J'ai toujours été passionnée par le dessin, ce qui m'a naturellement conduite à suivre un bac en arts appliqués, puis un BTS en design graphique et une licence en infographie web design. J'ai ensuite poursuivi avec un master en direction artistique. Après avoir terminé mes études il y a deux ans, je me suis lancée dans l'illustration, qui est ce qui me passionne le plus.

En parallèle, je suis animatrice périscolaire, où j'anime des activités manuelles pour des enfants de la maternelle au CM2. J'ai donc deux casquettes : le graphisme et l'illustration. Pendant mes études, je participais à des challenges créatifs sur Instagram, comme Linktober, pour m'améliorer et partager mon travail.

 

Tu cultives un univers enfantin. Peux-tu nous parler de ton rapport à l’enfance ?

J’ai un tatouage qui dit « ils vécurent enfants et firent beaucoup d'heureux ». J’aime l'idée que même en tant qu'adulte, on peut garder une âme d'enfant. Pour moi, renouer avec l'enfance permet de surmonter certains traumatismes ou de gagner en confiance. J'ai fait une thérapie appelée « Enfant gigogne », basée sur le concept des poupées russes, qui consiste à reconnecter avec son enfant intérieur. Cela m'a vraiment aidée. Je pense qu'en tant qu'adultes, on se prive parfois d'activités artistiques en se disant que c’est pour les enfants, alors que c'est important de s'y adonner. Cette année, je me suis mise à la broderie et au crochet, pour varier les techniques. Je trouve aussi que mettre de la couleur dans nos vies, c'est essentiel. Ça change du gris ou du noir que l'on voit souvent.

 

Tu fais de la gouache et du digital, comment choisis-tu entre les deux ?

C’est vraiment par période. J'ai commencé le digital en quatrième avec une petite tablette, et maintenant, j’ai un iPad Pro, ce qui me permet de varier les outils. Le digital offre une grande flexibilité. Mais j’aime aussi la gouache, car elle t’oblige à accepter l'imperfection, ce côté un peu désordonné. J’ai découvert la gouache grâce à un challenge sur Instagram, organisé par Limisticblog, qui m'a beaucoup inspirée. Ça m'a donné envie de me lancer dans cette technique.

 

Qu’est-ce qui t’incite à collaborer avec d’autres artistes et créateurs ?

J'adore les collaborations, surtout quand elles sont basées sur des valeurs communes. Par exemple, j’ai collaboré avec JeliBougie, qui fabrique des bougies à partir de produits français et sans substances cancérigènes. C’est un sujet qui me touche particulièrement, car un.e proche a un cancer de la peau. Aujourd'hui, on fait de plus en plus attention aux compositions des produits, que ce soit pour les poêles, les casseroles, ou même les bougies.

Moi-même, je suis atteinte d'endométriose, donc je fais attention aux perturbateurs endocriniens. Ce qui est super avec cette marque, c'est que leurs bougies sont sûres pour les femmes enceintes ou les jeunes enfants, ce qui est assez rare. C’est vraiment ce genre de valeurs qui me pousse à collaborer. Et c'est aussi pour cela que je suis avec vous aujourd'hui, pour la boutique, car ce sont des projets qui me tiennent à cœur.

 

Et en termes de créativité, quelle est ta routine de travail ?

Je n'ai pas vraiment de routine fixe, mais je travaille plus facilement le soir. J'essaie de m'écouter, surtout pendant les périodes de "blocage créatif". Quand je manque d'inspiration, je participe à des challenges en ligne. Cela me permet de créer en groupe tout en étant chez moi, en partageant avec d'autres qui suivent le même challenge.

Cette année, pendant six mois, j’ai aussi participé à des "courriers Doudou" entre créatrices. On s'envoyait des lettres une fois par mois, et c'était super sympa d’échanger quelque chose de physique. C’est ce genre d’activités qui m’aide à rester créative, même sans routine stricte.

Avec mon travail à l'école, je profite de mes pauses, notamment entre 14h et 16h, pour avancer sur mes commandes personnalisées ou mes projets personnels. Puis, je rentre chez moi à 18h, et souvent je commence une nouvelle "journée" de création à ce moment-là.

 

En termes d'influence, qu'est-ce qui ou qui influence le plus ce que tu produis ?

Je dirais que Pénélope Bagieu a beaucoup influencé mon travail, j’adore ce qu’elle fait. Il y a aussi Hayao Miyazaki, que j’admire énormément. Mais l'une des premières qui m’a vraiment donné envie de dessiner, c’est Margaux Motin. Ses bandes dessinées ont été parmi les premières que j’ai achetées, et c’est grâce à elle que, depuis le collège-lycée, j’ai voulu devenir illustratrice.

 

Quelle sera ta sélection pour le Pink Power Store ?

J’ai travaillé sur un challenge inspiré du Inktober, que j’ai transformé en Pinktober pour octobre. J'ai réalisé une trentaine de portraits de femmes féministes qui ont marqué l'histoire, comme Jeanne d'Arc, Rosa Parks, ou encore Catherine Schwitzer (la première femme à courir un marathon). Je vais proposer des prints en format carré, avec le portrait au recto et une petite biographie au verso. J'ajouterai également un portrait d'une femme où l’on voit sa poitrine, pour introduire le Pinktober et son concept.

Je prévois aussi une affiche qui réunit tous ces portraits, pour ceux qui préfèrent l’ensemble en une seule image. Je pense aussi à créer des porte-clés en forme de seins, avec des couleurs différentes. Enfin, je proposerai une carte représentant Barbara Butch en reine, avec l’inscription "Tu es la reine de mon cœur". Je trouve ça sympa pour compléter la sélection.

 

As-tu une anecdote d’empowerment ou un moment "girl power" à partager ?

Il y a une histoire qui m'est arrivée à Aubervilliers, et je l'ai trouvée chouette, même si c’est rare. Je traversais une rue que je prenais souvent, et il y avait toujours des hommes qui lançaient des remarques du genre « t’es belle », « t’es jolie », ce que j’ignorais la plupart du temps. Mais cette fois-là, une policière, qui était avec ses collègues, a repris l’homme qui m’avait interpellée. J'étais vraiment contente, parce que je pense que si elle n'avait pas été là, la situation aurait été différente. Cet élan de solidarité féminine m'a fait sourire, et parfois, ça fait vraiment du bien d'être soutenue.

 

Crédits photo : Loannou

Retrouvez ses illustrations ici : https://bento.me/loannepiel