Interview de Lisa de l'Atelier Distrait

Interview de Lisa de l'Atelier Distrait

Qui es-tu ? Quelle est ta trajectoire ?

Je m’appelle Lisa, j’ai 24 ans, et je suis passionnée par plein de choses. J’ai tendance à m’éparpiller facilement, ce qui fait que, depuis toute petite, j’ai essayé beaucoup d’activités extrascolaires, mais j’ai toujours gardé mes cours de dessin tous les mercredis. J’ai toujours su que je voulais devenir éducatrice spécialisée, et j’y suis parvenue. Cependant, je vis avec l’endométriose, et jongler entre un temps plein en tant qu’éducatrice et une vie personnelle n’a pas été évident. Comme je suis très investie dans l’artisanat, mes amis m’ont encouragée : “Pourquoi tu ne lances pas tes boucles d’oreilles ? On les adore et on t’en demande tout le temps, vas-y, fonce !” C’est ainsi qu’Atelier Distrait est né. Depuis deux mois, je me consacre entièrement à ce projet. Je suis ravie, la demande est forte, et cela me permet d’adapter mon emploi du temps à ma santé.

Pourquoi le nom “Atelier Distrait” ?

C’est une private joke ce nom. Quand j’étais étudiante à Toulouse, j’avais un compte Instagram depuis 2019 où je partageais mes créations (dessins, couture, broderie, boucles d’oreilles, etc.), qui s’appelait à l’origine “Bazar de Lisou”. C’était un nom que j’avais trouvé toute seule et qui reflétait bien mon côté touche-à-tout. Mais j’ai fini par m’en lasser et j’ai voulu quelque chose de plus professionnel, qui me ressemble davantage et englobe toutes mes créations, y compris mes tatouages. Avec mes amis, on a fait un brainstorming et on a beaucoup rigolé. Je voulais absolument le mot “Atelier” dans le nom. On a proposé plein d’idées, comme “Atelier Distrait” avec un clin d’œil à la dysorthographie (parce que je ne suis pas très douée en orthographe) ou avec le chiffre “Dix” pour évoquer les différentes facettes de mon travail. Finalement, “Atelier Distrait” s’est imposé parce qu’il reflétait parfaitement mon côté dispersé. C’est un petit clin d’œil amusant à ma personnalité !

Comment fabriques-tu tes boucles d’oreilles ?

J’utilise de la résine, de l’argile polymère. J’ai commencé pendant un arrêt de travail, lorsque j’ai voulu prendre soin de moi. J’ai participé à un atelier Wecandoo où j’ai découvert la résine avec une autre artiste. J’ai alors pensé : “Ma grand-mère a plein de fleurs, elle m’en donne souvent, et j’adore les fleurs, elles sont partout autour de moi, fraîches ou séchées. Pourquoi ne pas essayer d’en intégrer dans la résine ?” C’est comme ça que l’idée est venue, et j’ai été vraiment satisfaite du résultat dès mes premiers essais.

Concernant le processus, je récupère souvent des fleurs chez ma grand-mère. Quand ce n’est plus la saison, il m’arrive d’en commander. Parfois, je dois les teindre avant de les sécher car la couleur s’affadit au séchage. Ensuite, je sépare chaque pétale, je prépare ma résine, puis je m’équipe de ma pince à épiler pour placer les fleurs dans des moules en silicone. Pour l’instant, j’utilise des moules existants, mais j’ai récemment acheté de quoi créer mes propres formes. Une fois les fleurs placées, il faut environ 24 heures de séchage, c’est assez rapide !

Les différents matériaux me permettent de varier les textures et les couleurs pour proposer un large éventail de designs : des coquillages, des fleurs… Je change également les types d’attaches : créoles ou attaches simples. Avec mon concept de pampilles interchangeables, on choisit une créole et on y associe la forme de son choix. On peut changer autant de fois qu’on veut, c’est très libre !

Qui influence le plus ce que tu produis ?

Je suis très inspirée par les fleurs, une passion que j’ai développée avec ma mère et ma grand-mère. Chez nous, les fleurs sont omniprésentes, à l’intérieur comme à l’extérieur. Je sélectionne mes fleurs en fonction de ce qui m’entoure. Par exemple, dans le jardin, nous avons de magnifiques hortensias. Je les déchire lorsqu’elles sont sèches, car une fleur entière ne rentrerait pas dans mes créations. Idéalement, je préfère des fleurs de petite taille, comme la lavande, avec de petites feuilles, ce qui m’évite de les découper.

J’ai eu la chance d’avoir une maman disponible les mercredis, un moment que nous consacrions à des activités manuelles ensemble. Je pense que c’est ce qui m’a donné le goût de la création dès mon enfance. J’ai toujours fabriqué des boucles d’oreilles en pâte Fimo.

Je participe également à de nombreux marchés, notamment à Rennes, où l’artisanat est à l’honneur. Il y a de plus en plus de lieux qui nous accueillent pour vendre nos créations. Ces marchés sont pour moi l’occasion d’échanger avec le public et de comprendre ce qui plaît, mais aussi de discuter avec d’autres créateurs et de confronter nos méthodes de production.

Qu’est-ce qui te motive à faire des ateliers et à transmettre ton savoir ?

Je pense que cela vient de mon parcours en tant qu’éducatrice spécialisée. Je ne conçois pas mon travail seule, j’ai besoin d’échanges, de partager et de recevoir. Travailler avec les jeunes m’a permis de développer cette approche. Je proposais souvent des activités manuelles, car je trouve cela essentiel pour la valorisation de soi. Réussir à créer quelque chose de ses mains, à le garder et à en être fier, c’est important pour tout le monde, pas seulement pour les jeunes en difficulté. Si je peux être un vecteur de cette fierté, cela me plaît énormément !

J’adore passer du temps avec les gens, échanger et transmettre. C’est aussi ce que j’apprécie dans les marchés, ce rapport de proximité avec le public.

 

Quelle place ont les tatouages dans ta vie ?

J’ai commencé à tatouer des humains en décembre 2023, après m’être longtemps entraînée sur des oranges et des peaux synthétiques pendant mes week-ends et temps libres. Maintenant que je consacre tout mon temps à mon atelier, j’aimerais développer davantage cette activité, mais je n’ai pas encore l’espace adapté. Pour l’instant, je propose des tatouages uniquement lors d’événements éphémères ou des pop-ups.

J’ai suivi une formation en hygiène et salubrité, indispensable pour éviter tout risque d’infection. J’ai eu la chance de trouver un groupe de tatoueuses en Pays de la Loire (je suis Nantaise d’origine, mais toujours Bretonne !) et une super tatoueuse m’a accueillie dans son salon pour m’entraîner et m’apprendre les bases du métier.

Je suis encore une « bébé tatoueuse », mais mon rêve serait d’avoir un bar où je pourrais proposer des ateliers créatifs. Les gens pourraient y manger, acheter des créations d’artistes locaux, et bien sûr, il y aurait mon coin tatouage. Ce serait mon Graal !

 

Quelle sera ta sélection pour le Pink Power Store ?

Je vais proposer toutes les Pampilles interchangeables. J'ai également préparé des bracelets sur le thème d'Octobre Rose, et normalement j'aurai aussi des porte-clés avec le ruban rose et des barrettes. Je présente souvent mes produits par gamme de prix, et je les vends toujours par paires. Les gens peuvent ainsi choisir en fonction de la taille et associer les différents éléments. J’aime diversifier mes créations, car je n’aime pas faire la même chose tout le temps !

 

De qui est composée ta clientèle ?

J'aimerais que mes créations soient non genrées, mais actuellement ce sont surtout des femmes qui achètent. J’étais hyper contente il y a un mois quand un homme m'a acheté un collier pour la première fois ! Parfois, quelques hommes achètent des Pampilles en argile polymère pour les mettre dans leurs créoles, mais cela reste encore rare.

 

Une anecdote girl power à nous partager ?


Je n'ai pas vraiment d'anecdote précise, mais je dirais que les rencontres avec d'autres créatrices, où nous collaborons sur des projets de création, des pop-ups, et des ateliers collaboratifs, représentent pour moi mes expériences les plus "girl power". L'entraide, le partage et la transmission qui existent dans ces projets guident ce que j'ai envie de faire, et cette vision est en soi une forme d'empowerment.

 

Crédits photo : Soumaya Djemma

Retrouvez le travail de Lisa : https://atelierdistrait.fr/