Interview de Kamiraii

Interview de Kamiraii

Est-ce que tu peux te présenter ?

Je m’appelle Léo. Enfin, Éléonore, mais je préfère Léo car je suis non-binaire. On peut me désigner au masculin, ça ne me dérange pas.
Je fais des créations, et j’ai commencé en 2017. C’est un ex qui m’a encouragé·e à poursuivre dans cette voie. Au départ, je faisais surtout du dessin, puis en 2020, une autre ex m’a suggéré de vendre mes créations. C’est là que tout a commencé.
Ma première convention en 2022 a été un succès. J’ai fait pas mal de ventes, ce qui m’a donné confiance. Même si j’avais de l’anxiété à l’idée de faire des conventions seul·e, j’ai finalement réussi à m’y habituer. Aujourd’hui, je fais mes conventions en solo et ça fonctionne très bien.

 

Tu nous parles de ces conventions ?

En 2022, j’ai participé à 5 ou 6 conventions, et cette année, 4. Principalement la Japan Expo et d’autres événements liés aux animes, ainsi que des petits marchés, parfois dans des écoles. Cette année, j’ai aussi tenté mes premiers pop-up stores. J’en ai fait un en septembre, mais ça n’a pas bien fonctionné, car le public était plus âgé et mon travail s’adresse plutôt à des jeunes adultes et à un public geek.
Je me rends compte que certaines créations que j’aime moins marchent très bien, alors que celles que j’adore ne se vendent pas toujours. Par exemple, j’ai commencé à faire des bracelets pour la Japan Expo, d’abord en ficelle, et maintenant en métal. Une amie m’achète souvent mes nouveautés, même celles que je trouve moins réussies. Parfois, les créations que je trouve les moins jolies partent le plus vite, et sont même en rupture de stock. J’aime bien l’idée de faire des stocks limités pour que chaque pièce reste unique.

 

Comment tu décrirais ton style à quelqu’un qui ne connaît pas du tout ton travail ?

Mon style est assez varié, car j’aime toucher à tout. Ce n’est donc pas facile de dire que j’ai un seul style défini. Je dirais qu’il est un peu cartoonesque, car j’adore jouer avec les couleurs et créer des mélanges. J’ai aussi commencé à faire des bijoux, notamment des créations destinées aux communautés LGBTQIA+ et aux minorités, ce qui influence beaucoup mon travail.
Par exemple, pour mes boucles d’oreilles, j’avais tendance à les faire longues. Mais des personnes aux cheveux afro m’ont demandé si je pouvais les faire plus courtes pour éviter qu’elles s’emmêlent. Cela m’a poussé à diversifier mes créations en proposant plusieurs types de boucles d’oreilles.
Pour résumer, mon style est un mélange d’influences animes, manga, cartoon, avec ma propre touche personnelle.

 

Quels matériaux et quelles techniques utilises-tu principalement, et pourquoi les as-tu choisis ?

Je travaille principalement en digital. Avant, je faisais beaucoup de traditionnel, mais le digital est plus pratique, surtout pour les commandes comme les porte-clés ou les prints. C’est rapide et efficace pour produire en série.
Pour les bijoux, j’utilise des matériaux comme le plastique, le métal, et surtout l’acier inoxydable, notamment pour les parties qui touchent la peau. J’ajoute aussi parfois des perles pour rendre chaque pièce un peu plus unique.

 

Quelle est ta pièce préférée parmi tes créations et pourquoi ?

Je dirais que ma pièce préférée, c’est la petite Miku que vous avez prise en photo. Elle est inspirée de l’univers Vocaloid, un logiciel de chansons japonaises. Parmi les milliers de titres, ma chanson préférée est Deep Sea Girl. J’aime beaucoup l’atmosphère de cette chanson, avec ses cheveux bleus, sa robe noire et cette ambiance sous-marine. Les paroles me touchent particulièrement.
Et puis, il y a aussi mes petits chats, qui sont des hommages à mes propres chats qui ne sont plus là aujourd’hui. J’ai voulu leur rendre hommage en les intégrant dans mes créations.

 

De qui est composée ta clientèle, en général ?

Ma clientèle est très variée. Il y a des adultes passionnés par le côté geek, des jeunes, voire très jeunes, qui adorent l’univers des animes. Et parfois, je tombe sur des personnes qui ne connaissent rien à cet univers, mais qui sont attirées par les couleurs ou l’esthétique. Ils me disent souvent : “Oh, il y a des fleurs, c’est trop mignon, je veux ça !”

 

Qui influence le plus ce que tu produis ?

Les animes, sans hésitation, et aussi les chansons. Par exemple, mes boucles d’oreilles sont inspirées d’une série musicale appelée Alien Stage. J’aime bien m’inspirer des personnages et surtout des couleurs qu’on y trouve. J’adore faire des mélanges de couleurs inattendus, c’est un peu ma signature. D’ailleurs, on me dit souvent que j’ai un bon œil pour associer les couleurs. J’aime beaucoup entendre que les gens apprécient mes choix et la manière dont je les marie.

 

Tu participes au Pink Power Store. Quelle sera ta sélection pour la boutique ?

Je vais proposer plusieurs choses. D’abord, mes boucles d’oreilles, c’est certain. Je pensais aussi ajouter des aimants et des petits porte-clés gacha en forme de chats, qui plaisent beaucoup. Peut-être que j’ajouterai aussi mes petites figurines Miku, mais je ne suis pas encore complètement sûr·e pour celles-ci.

 

Comment imagines-tu l’évolution de ta marque dans les prochaines années ?

Franchement, je ne sais pas encore exactement. Ce que je sais, c’est que je vais sûrement me concentrer davantage sur la création de bijoux. J’ai envie de faire des broches avec des petites chaînes, c’est une idée qui me trotte dans la tête. Je veux aussi m’améliorer dans mes créations, peut-être faire plus de prints, des aimants, et diversifier un peu plus mes produits. Peut-être même des stickers pour voitures, qui sait ? Je suis ouvert·e à essayer de nouvelles choses.

 

Est-ce que tu as une anecdote d’empowerment à nous partager ?

Oui, ça remonte à l’époque où je vivais au Pérou. Là-bas, il y avait une marche féministe très forte, appelée « ¡ El violador eres tú »« Le violeur, c’est toi !». Je n’ai pas participé directement à cause de ma timidité, mais j’étais présent dans le parc où ça se passait. C’était un parc assez spécial, car il abritait de nombreux chats errants, nourris par les habitants. Ce jour-là, il y avait plein de femmes, de personnes trans, et de membres de la communauté LGBTQIA+ qui marchaient en chantant cette chanson, qui était devenue très connue à l’époque.
Le parc se trouvait juste en face d’une église, et les fidèles n’étaient pas du tout contents de cette manifestation. Ils criaient aux manifestants de se taire, notamment aux femmes, avec des remarques sexistes. Ce n’était pas mon expérience personnelle, mais plutôt un moment puissant auquel j’ai assisté en vivant là-bas. Ça m’a beaucoup marqué, car j’étais au milieu de ce mouvement global.

 

Crédits photo : 2in & Kamiraii

Retrouvez ses créations ici : https://kamiraii.sumupstore.com/